Dans la poursuite d’une étude menée au printemps 2024 par l’Association ZoeinFrance pour mieux qualifier et caractériser les métiers et activités accompagnés dans le cadre des expérimentations territoriales du RTE en France, un projet tutoré a été confié à deux étudiants en Master 2 Economie Sociale et Solidaire de l’Université de Lille. Avec l’appui de l’Association Zoein, Noah Cautieret et Mathéo Morel ont conduit durant 4 mois, à partir d’entretiens, un travail de cartographie des « métiers du RTE », en relevant les similitudes des différents projets soutenus par les Coopératives de Transition Écologique (CTE) en France. Quelles conclusions en tirer ?
Catégoriser les métiers du RTE : mode d’emploi
Le RTE trace la voie vers la transition écologique et sociale, mais les contours des métiers qui l’incarnent restent à définir. Le rapport met en évidence la difficulté de catégoriser les métiers des porteurs de projets, en raison de leur grande diversité et de leur caractère multiple, liée à l’importance accordée à l’expérimentation. Ainsi, les auteurs posent deux critères préalables, essentiels à toute activité éligible au RTE :
- L’émancipation, l’autonomie, le sens au travail et le bien-être des porteurs de projet comme condition fondamentale de toute activité de transition écologique.
- L’effort de réduction de l’empreinte écologique de l’activité, en visant la neutralité en consommant moins (sobriété) et mieux (efficacité). Cela inclut la nécessité de répondre à un besoin local, une utilisation raisonnée des ressources (énergies renouvelables, matériaux bio-sourcés), la mesure de son impact environnemental, ou encore la viabilité écologique du mode de vie du porteur de projet.
Le triptyque des métiers du RTE : les actvités de la transition, en transition, et pour la transition
À partir de ces deux critères généraux, une première typologie d’activités soutenues par le RTE a été proposée :
- Les activités de la transition: ce sont des métiers intrinsèquement écologiques, tels que l’agroécologie, la permaculture, les mobilités douces et les low tech. Ces activités ont un impact direct sur l’environnement et sont cruciales pour la transition écologique, contribuant directement à améliorer la qualité de l’environnement.
- Les actvités en transition : bien qu’ils ne poursuivent pas une finalité écologique directe, ces métiers intègrent une démarche visant à réduire leur impact environnemental dans leurs processus de production. Ils évoluent vers une plus grande soutenabilité écologique, comme dans les secteurs de l’urbanisme, du marketing durable ou du tourisme responsable.
- Les activités pour la transition : ces métiers ont pour objectif de transformer les attitudes et comportements vis-à-vis de la transition écologique, en sensibilisant et éduquant les communautés. Ils jouent un rôle clé dans l’accompagnement et la diffusion des valeurs nécessaires à la transition écologique et sociale.
Focus sur l’accompagnement, un levier puissant de la transition !
Le rapport met également l’accent sur l’importance de l’accompagnement des porteurs de projets. Ces métiers de soutien, aux effets plus diffus, jouent un rôle crucial en fournissant des outils de formation et en aidant à prévenir l’épuisement professionnel. Chez Zoein, la question du Care dépasse la simple assistance entrepreneuriale, en intégrant les dimensions sociales et environnementales (prendre soin des autres, de la nature et des humains), ainsi qu’une approche plus personnelle, axée sur le bien-être (le soin de sa psyché et de son corps). Les accompagnateurs jouent ainsi un rôle central dans la transmission des valeurs du RTE, en créant une forme d’intelligence collective au sein des CTE. L’accompagnement devient alors un levier puissant pour diffuser la vision et les « bonnes pratiques » de la transition écologique, qu’il convient de valoriser et mesurer.
Soutenir les métiers de la transition au sein de Zoein : et pour la suite ?
Le travail se conclut par une série de recommandations visant à mieux détecter et valoriser les activités susceptibles d’être accompagnées par le RTE :
- Assurer la soutenabilité sociale des actvités : garantir un revenu minimal et un accompagnement adapté pour prévenir l’épuisement des porteurs de projets, tout en équilibrant vie professionnelle et personnelle.
- Réduire l’impact environnemental : mettre en place des critères communs au réseau d’expériementations pour évaluer l’empreinte écologique des projets, avec des indicateurs comme l’empreinte carbone et l’efficacité énergétique, et s’assurer que les pratiques des porteurs sont alignées avec les objectifs écologiques du réseau.
- Valoriser l’accompagnement : adopter une approche qualitative pour mesurer l’impact des activités d’accompagnement comm levier de transformation environnementale et sociale
- Renforcer le soutien aux actvités à forte contribution environnementale : identifier et soutenir – via un revenu supplémentaire – les métiers clés pour la transition écologique, comme l’agroécologie et la mobilité durable.
- Impliquer les accompagnateurs dans la définition des critères de sélection des actvités susceptibles de bénéficier du RTE.
Cette contribution permet de poser les bases d’une meilleure compréhension et valorisation des activités pouvant être soutenues par le Revenu de Transition Écologique au sein de Zoein. En identifiant des critères essentiels pour l’éligibilité des projets, en définissant une typologie claire des métiers du RTE, cette étude constitue un apport précieux à la réflexion stratégique de l’association.
Retrouvez ci-dessous la synthèse de leur travail :